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Note de réalisation

Ar-Men participe d’une déception : celle de Damien, qui ne verra pas le phare pour lequel il a décidé d’embarquer comme matelot, sur un filayeur. Toute expression artistique étant ce qu’elle est, autant pour ses éléments singuliers que pour leur agencement conjoint, faisant de la dichotomie forme/fond un non-sens, mon film devait générer une attente chez le spectateur, à être déçue également.

S’agissant d’une fiction réalisée dans les conditions réelles d’une marée, où, à l’invite de Damien, l’on s’embarque avec un marin pêcheur, on s’attendrait à y trouver une peinture quasi documentaire de la pêche artisanale. Il n’en est rien. Ce qui compte, ici, ce sont les parcours. Le voyage, pour Damien, qui découvre, au lieu d’un bout du monde incarné par la dernière marque terrestre avant le grand large atlantique, un monde proche, mais méconnu : la pêche. La narration, pour le spectateur, qui, à défaut de pouvoir apprécier les gestes et techniques d’une pêche au filet, dont nous restons toujours physiquement distants, va devenir le témoin d’une modification : celle d’un adolescent sans problème ni atavisme, mû par des rêves qui n’appartiennent qu’à lui, et qui opère un rite de passage vers l’âge adulte.

Cette distance physique, dont je parle, elle est celle de la caméra aux acteurs, qu’ils soient en mer ou à terre. Si le gros plan est une science difficile, il n’aurait de toute façon pas eu sa place dans ce film sur la Bretagne, un pays long à se déclarer et dont on ne perçoit pas tout de suite le tressaillement organique, dit Georges Perros. Pour s’y enfoncer et s’y perdre, dans cette Bretagne, c’est bien de la distance dont j’avais besoin toujours. Outre que le cinéma procède d’une violence vis-à-vis des individus, à vouloir s’approcher des visages pour lire l’intérieur des âmes, qui n’aurait pas été à propos avec mes acteurs non professionnels, j’ai préféré rendre les choses de ce pays à leur nom, en le laissant venir à nous.

C’est ce qui ce passe, je crois, pour qui sait lire entre les lignes des dialogues ; pour qui sait apprécier la chaleur des rapports entre les personnages, dans leur rudesse apparente ; pour qui sait les non-dits plus prompts que les déclarations, à faire perdre leur ombre aux hommes. Au bavardage de la séduction, je préfère le grand silence de l’amour. Avec ce film, j’y ai retrouvé celui de ma terre natale, et c’est sans aucun doute ce dont je suis le plus satisfait.